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Où en est la liberté de la presse à Maurice?

Christina Chan-Meetoo, Jean-Luc Mootoosamy et Bhavish Budhoo.

La question de la liberté de la presse a été abordée lors de l’émission au Cœur de l’info sur Radio Plus et TéléPlus dans le cadre de sa journée mondiale le 3 mai. 

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La journée mondiale de la liberté de la presse est célébrée chaque année le 3 mai. Elle était donc le thème de l’émission « Au Cœur de l’Info » sur Radio Plus et Télé Plus, le mercredi 3 mai 2023. Maurice se classe à la 63e place sur 120 pays dans le classement de la liberté de la presse de Reporter Sans Frontières pour l’année 2023. C’est une place de mieux qu’en 2022. 

Pour en parler, le journaliste Anoop Dhookeeya a reçu sur son plateau Jean-Luc Mootoosamy, journaliste et directeur du cabinet Media Expertise, et Bhavish Budhoo, avocat et directeur de Dis-Moi Maurice. Christina Chan-Meetoo, Senior Lecturer en Media et Communication, et Dr Michael Atchia, membre de Democracy Watch et ancien directeur de programme aux Nations Unies, sont intervenus par visioconférence et au téléphone respectivement. 

Liberté de la presse

Selon Jean-Luc Mootoosamy, la progression de Maurice dans le classement de la liberté de la presse de Reporter Sans Frontières « ne veut pas dire que l’environnement est idéal ». Il ajoute que les journalistes ont également des responsabilités. « Il n’y a pas que la liberté de la presse, il y a aussi sa responsabilité. Les journalistes ont 10 devoirs et cinq droits », affirme-t-il. 

Bhavish Budhoo estime qu’il y a encore des choses à améliorer dans le cadre de la liberté de la presse à Maurice. Il rappelle que le pays était à la 58e du classement de la liberté de la presse de Reporter Sans Frontières il y a quelques années. « La liberté d’expression vient avec ses responsabilités. J’ai le droit de parler, mais je ne dois pas nuire aux autres », dit-il.

Christina Chan-Meetoo souligne que la position de Maurice varie de la 58e à la 64e position du classement de la liberté de la presse de Reporter Sans Frontières depuis une dizaine d’années. « Il n’y a pas de grande évolution », soutient-elle. 

Attaques contre des journalistes

Dr Michael Atchia dira, lui, que la liberté d’expression a besoin des médias. « Le rôle des médias est essentiel pour assurer la liberté d’expression garantie par la Constitution. Les amendements à la loi ont limité la liberté la presse. La loi est à revoir », déclare-t-il.

Selon Jean-Luc Mootoosamy, les attaques contre des journalistes sont de « la lâcheté ». « Un journaliste est attaqué quand il écrit des faussetés ou quand il gagne en notoriété et que cela ne fasse pas plaisir à certains. Il faut faire le travail correctement, mais il y aura toujours des attaques. Ces attaques sont inquiétantes et inutiles. Des politiciens ne se rendent pas compte, ou le font exprès, qu’ils mettent les journalistes qu’ils critiquent en danger », explique le directeur du cabinet Media Expertise. 

« Ce n’est pas normal que, depuis que des plaintes (de journalistes contre des attaques en ligne) ont été déposées en novembre 2022, rien n’a été fait. Par contre, si un journaliste fait un article négatif contre quelqu’un, un nominé politique par exemple, le traitement est différent », commente Bhavish Budhoo.

Christina Chan-Meetoo souligne, pour sa part, que les attaques en ligne sont généralisées, elles ne concernent pas uniquement les journalistes. « Les réseaux sociaux désinhibent les gens. On doit les éduquer. Les mêmes règles s’appliquent aussi bien en ligne que dans la vie », rappelle la chargée de cours. 

Dr Michael Atchia indique que la presse a le devoir de donner une information indépendante et neutre, ce qui limite les attaques. « Il faut travailler pour garder la liberté d’expression. Les attaques de la part des politiciens contre les journalistes, mais aussi contre les institutions via la presse sont graves », lance le membre de Democracy Watch.

Freedom of information Act

Bhavish Budhoo affirme que sans la Freedom of information Act, les journalistes n’ont aucune protection légale. « Il y a une réticence pour instaurer cette loi afin de garder une certaine opacité. Par ailleurs, la loi contre la diffamation doit être revue, elle est archaïque », juge le directeur de Dis-Moi Maurice. « La Freedom of information Act n’est pas pour aller ouvrir chaque tiroir et tout publier. Il faudra voir ce qui, dans la loi, rendra l’accès à l’information compliqué », prévient Jean-Luc Mootoosamy.

 

 

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