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Le présumé meurtrier de Balkrishna Luchmaya : «Bolom-la ti pe morde, monn bizin ser so likou plis»

Jonathan Magdeleine a avoué le meurtre de Balkrishna Luchmaya, 90 ans, perpétré dans l’après-midi du mardi 25 avril, à la rue Moka, Port-Louis. Ce pêcheur a expliqué qu’il avait besoin d’argent pour se procurer sa dose de drogue. Le suspect, arrêté jeudi par la Criminal Investigation Division de Port-Louis Sud et la Major Crime Investigation Team, a soutenu qu’il n’avait aucune intention de tuer le nonagénaire.  

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« Vu son âge, Balkrishna Luchmaya était une proie facile », dira Jonathan Magdeleine, âgé de 41 ans et habitant Bain-des-Dames, lors de son interrogatoire, le jeudi 27 avril 2023, par la Criminal Investigation Division (CID) de Port-Louis Sud. En manque de drogue, il a pensé que ce serait un jeu d’enfant de cambrioler ce magasin de tissus, à la rue Moka, pour avoir de l’argent pour se procurer sa dose. Dans le commerce, il ne s’attendait pas à ce que le gérant Balkrishna Luchmaya, 90 ans, se défende. « Kouma misie la in vir so ledo monn blok so likou. Me linn morde, lerla monn bizin ser so likou plis », a-t-il ajouté.

Le présumé meurtrier a aussi expliqué son itinéraire avant qu’il ne commette ce meurtre. Il dira s’être rendu à Roche-Bois pour sa dose de drogue, mais il était rentré bredouille. Il s’est alors dirigé vers Petite-Rivière pour s’en procurer, mais en vain. Sa dernière option était de se rendre chez sa mère à La Butte, Port-Louis, pour essayer de trouver de l’argent ou quelque chose à voler, mais il dira n’avoir pu passer à l’acte, « ti ena dimounn laba ». 

Désespéré, Jonathan Magdeleine a repris la route à pied pour se diriger vers le centre de Port-Louis à pied. Arrivé près du magasin de Balkrishna Luchmaya, il dira avoir constaté que seul le vieil homme était dans le commerce. « Monn trouv enn manze fasil. Monn panse kapav rantre kokin », a-t-il relaté à la CID.  

Sa cible repérée, Jonathan Magdeleine dit s’être mis en face du magasin de tissus en attendant son heure pour passer à l’acte, a expliqué le pêcheur aux hommes des surintendants de police Sam Bansoodeb et Aniff Thug. Ce n’est que quand les autres magasins fermaient leurs volets qu’il a décidé d’entrer. « Misie mo kapav gagn kat met latwal ? », a-t-il lancé au vieil homme. Ce dernier, ne se doutant pas une seconde des sombres desseins de ce « client », lui a proposé de jeter un coup d’œil aux tissus dans l’arrière-boutique. 

Loin des regards des passants, Jonathan Magdeleine a profité que le commerçant ait le dos tourné pour l’attaquer. « Monn blok li par so likou ek monn bous so labous pou anpes li kriye. Linn reziste, linn mord mwa, lerla monn ser so likou plis », dira Jonathan Magdeleine. Le nonagénaire s’est écroulé au sol. Le suspect lui a pris ses deux bagues et une somme d’argent qui se trouvait dans une enveloppe dans un tiroir avant de prendre la fuite.

Jonathan Magdeleine dira avoir repris la route vers le centre-ville. À hauteur d’un autopont au Caudan, il s’est débarrassé de l’enveloppe après avoir pris l’argent. Il est allé se cacher dans une maison abandonnée à Pointe-aux-Sables. En cours de route, il a essayé de vendre les deux bagues à Résidence Vallijee. Mais ses tentatives ont été vaines. Lors d’une opération, le vendredi 28 avril, la police a pu récupérer les vêtements du suspect et les bagues volées. 

Mort du patriarche

Le corps sans vie de Balkrishna Luchmaya avait, entre-temps, été découvert dans son commerce par son épouse. 

Balkrishna Luchmaya, père de trois enfants, était le patriarche de la famille. Ce commerçant spécialisé dans la vente de vêtements et de tissus, à la rue Moka, était toujours « fringant ». Passionné par son métier, le nonagénaire ne méritait pas une telle fin, dit-on. Il avait repris le flambeau à la mort de son papa qui avait ouvert ce magasin, il y a bien des années. « So magazin ti so lavi sa », dit Sandil, un de ses petits-fils. « Il était la figure paternelle de la famille. Les vacances chez lui étaient formidables. Al dan magazin avek li ti fer parti nou vakans sa », dit-il. 

Sandil explique que son grand-père était un homme « travailleur et respecté ». « Nous passions une grande partie de notre temps au magasin avec lui. Il était sévère, mais tendre et affectueux. Malgré le poids des années, il n’était pas question pour lui de prendre sa retraite ou de se reposer. ‘Li ti ankor fit, pa ti ena oken problem lasante. Li ti bien aktif. Sa mem ti pe ed li pou res fit », dit le petit-fils. « La semaine dernière, la famille s’était réunie pour fêter les 80 ans de ma grand-mère. Puis, le malheur a frappé. À peine quelques jours après, la famille a perdu son pilier », dit Sandil tristement.

Ce drame a bouleversé tout le voisinage de la victime à La Butte. « Il était un voisin, mais était aussi comme un membre de ma famille. Il y a trop de vols dans ce quartier », s’indigne une habitante de la localité.

 

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