Interview

Jean Jacques Boullé, directeur général de Maurilait: « Notre marché est dynamique mais petit et exigeant »

Maurilait fête ses 40 ans cette année. L’occasion de retracer l’histoire de la compagnie, son avenir et son marché. Celle-ci nous est contée par son directeur général Jean Jacques Boullé. Maurilait célèbre ses 40 ans d’existence cette année. Quelle est l’histoire de la compagnie ? Tout a commencé en avril 1976, à l’initiative de Michel de Spéville, qui a été un pionnier dans l’agro-industrie à Maurice. À la suite d’une rencontre en France, il a constaté que le yaourt pouvait être adapté au marché mauricien. Maurilait a commencé très petit, avec une production artisanale, dans ses locaux à Moka. On y faisait 300 tonnes de yaourt par an. Ce qui représente environ 10 000 pots en moyenne par semaine. Le yaourt était inconnu à Maurice. à l’époque, il existait un seul producteur : la Laiterie de Curepipe, qui travaillait de manière artisanale et qui avait une très petite distribution dans son entourage. Nous avons été les premiers à commercialiser du yaourt à plus grande échelle. Nous avons eu à faire face à deux grandes dévaluations en 1979 et en 1981. Nos coûts de production ont donc augmenté sensiblement, à tel point que nous nous sommes retrouvés en difficulté financière. Nous avons été menacés de fermeture. Puis il y a eu une diversification des produits… Le souci principal des dirigeants de l’époque était de proposer des produits adaptés aux habitudes de consommation des Mauriciens. En 1980, à l’issue d’une étude au marché central, nous avons développé le Dahi, qui a été favorablement accueilli par les consommateurs dès son lancement. Le produit représentait rapidement 50 % des activités de l’usine, ce qui a nous a permis d’y voir plus clair en ce qui concerne notre avenir. Dans le souci de faire connaître le yaourt aux Mauriciens, nous avons créé le yaourt école. Ce produit était moins cher, car il était proposé dans un plus petit pot sans décoration. Avec un système d’abonnement pour les enfants, nous les avons sensibilisés au produit et ils poussaient ensuite leurs parents à en acheter. Cela a été un succès. En 1983, nous avons organisé un symposium sur le thème La nutrition et le yaourt, en partenariat avec le ministère de la Santé. À tout cela s’ajoutait le développement économique de Maurice qui a développé la consommation de yaourts avec des croissances à deux chiffres. L’usine a vite été saturée. Dans les années 90, nous avons monté notre nouvelle usine, à Phœnix. Les travaux ont commencé en 1992 et les opérations y ont débuté en 1994. Puis, nous nous sommes associés à Candia pour le lait et à Miko pour la crème glacée. En 1994, nous avons lancé les trois lignes. Avec un développement permanent de nouveaux produits, aujourd’hui, nous frôlons une production de 40 000 tonnes par an. Qu’en est-il de vos exportations ? Il y a cinq ou six ans, nous avons commencé à exporter vers les Seychelles. Il s’agit de notre seul marché extérieur, car nous travaillons sous franchise. Ce système offre beaucoup d’avantages. Un des inconvénients, en revanche, c’est qu’on nous attribue des territoires précis. Après des négociations, nous avons obtenu le marché des Seychelles, qui reste un petit pays avec 90 000 habitants. Nos exportations doivent représenter 5 % de nos ventes environ. Quels sont les projets de Maurilait ? Il y a des produits que nous développons en grande partie nous-mêmes et où il est avantageux que l’on profite de la marque de notre franchiseur, à l’instar de Dahi qui était exclusivement à Maurilait et qui est passé sous la marque Yoplait. Le lait aromatisé Perette, que nous avons développé, était une marque Maurilait pendant des années, avant de passer sous le label Candia. Mais aujourd’hui, nous n’avons pas de projets de produits en concurrence avec nos franchiseurs. Comment se porte le marché aujourd’hui ? Le marché est très concurrentiel avec trois acteurs principaux. Depuis notre arrivée, la Laiterie de Curepipe a dû se développer en même temps que nous. En 2005, Innodis est arrivée sur le marché. Notre marché est certes dynamique, mais il est petit et exigeant. Nous avons donc moins de flexibilité en termes de machinerie. Nous avons un dilemme entre des machines à grand rendement, mais peu flexibles, et de plus petites machines avec peu de rendement, mais plus de flexibilité. Sur les dernières années, la progression des ventes est de 5 % à 10 %, avec de la place sur le marché pour les trois acteurs. Nous voulons être présents sur le bas de gamme accessible au plus grand nombre ainsi que sur les marchés de niche à plus forte valeur ajoutée.
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