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Enquête sur l’achat de médicaments sous l’Emergency Procurement - Affaire Molnupiravir : le Principal Pharmacist enfonce la SCE Allagapen  

Le Principal Pharmacist, Brijendrasingh Naeck.

Dalida Allagapen, l’ancienne Senior Chief Executive (SCE) de la Santé, est pressentie d’être celle qui a donné les instructions pour l’acquisition de 999 000 comprimés de Molnupiravir, à un prix excessif, soit à Rs 79,90 l’unité, lors d’une transaction qui a atteint les Rs 79 millions. Durant la semaine écoulée, le Principal Pharmacist Brijendrasingh Naeck l’a pointée du doigt lors d’une audition à l’ICAC. 

C’était lors d’une réunion le 26 novembre dernier, que la décision d’acheter les médicaments auprès de CPN Distributors Ltd, avait été avalisée. Les déballages de Brijendrasingh Naeck devraient se poursuivre. 
Ce dernier a expliqué avoir agi sous des directives émises par l’ancienne Senior Chief Executive (SCE), Dalida Allagapen, pour aller de l’avant avec le dossier Molnupiravir. Le Principal Pharmacist a fourni à l’ICAC des correspondances allant en ce sens. Des courriels en possession de l’instance font actuellement l’objet d’analyses pour confirmer les dires de Brijendrasingh Naeck. D’autant plus que la commission a récupéré des documents avec la signature de Dalida Allagapen, qui donne son feu vert pour l’acquisition de Molnupiravir 200 mg, auprès de CPN Distributors Ltd. 

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Les enquêteurs de l’ICAC comptent établir si Dalida Allagapen a respecté les « check-lists ». Celle-ci, en tant que SCE, devait s’assurer de nombreuses vérifications avant d’apposer son aval à des décisions au sein du ministère, tout comme dans le dossier de Molnupiravir auprès de CPN Distributors Ltd. 

Selon l’ICAC, se basant sur des enquêtes similaires précédentes, Dalida Allagapen, de par le poste qu’elle occupait, devait être au courant des prix pratiqués pour les différents produits dans le domaine. La commission n’arrive pas à justifier pourquoi l’ex-SCE aurait fourni son aval, après une hausse de prix passant de Rs 9,30 à Rs 79,90. « Sans son approbation, la transaction ne serait pas aller de l’avant », soutient-on.   

Les manœuvres de Dalida Allagapen passées à la loupe

La commission compte passer en revue plusieurs dossiers qui ont vu l’implication de Dalida Allagapen. Les enquêteurs comptent établir si elle aurait remis en question certaines décisions au sein du ministère. Les différentes « Minutes of Proceedings » inscrites par Dalida Allagapen concernant les réunions entourant l’« Emergency Procurement » pour le Molnupiravir 200 mg seront passées au peigne-fin. « En tant qu’Officer in Charge, elle ne peut apposer sa signature sans vérifications appropriées », confient nos sources proches du Réduit Triangle. Toutes les manœuvres entamées par Dalida Allagapen, qui a fait prévaloir ses droits à la retraite après l’éclatement de ce scandale, seront passées à la loupe. 

Outre Dalida Allagapen, d’autres « High Ranked Officers » du ministère ont été entendus sur leurs rôles dans les procédures de l’ « Emergency Procurement ». Pour l’ICAC, chacun de ces gradés du ministère, notamment les Permanent Secretaries (PS) des ministères de la Santé et du Commerce, tout comme des officiers au sein du département du Procurement Department, pourraient se voir inquiétés dans un prochain stade de l’enquête. 

« Dalida Allagapen tenait au courant Jagutpal » 

Brijendrasingh Naeck a avancé à l’ICAC que Dalida Allagapen agissait comme relayeuse d’informations auprès du ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal. Selon le Principal Pharmacist, le ministre aurait été mis au courant de l’évolution des démarches pour les appels d’offres en urgence, en novembre 2021, pour l’acquisition de Molnupiravir. Or, dans une déclaration publique, Kailesh Jagutpal avait nié toute implication et avait affirmé ne pas être au courant des négociations pour l’achat des médicaments par le ministère.  

Le Senior Chief Executive est « l’accounting officer » du ministère

Auparavant, chaque grand ministère avait à sa tête un Permanent Secretary (PS). Celui-ci était le principal conseiller du ministre. Puis, sur la recommandation du Pay Research Bureau, le poste de Senior Chief Executive (SCE) a été créé pour diriger des ministères comme ceux de la Santé, de l’Éducation et des Finances, ainsi que le Bureau du Premier ministre qui est aussi, entre autres, le ministère de l’Intérieur et de la Défense.

Krish Ponnusamy, ancien SCE du ministère des Infrastructures publiques, explique que le fonctionnaire qui occupe ce poste « est investi de tous les pouvoirs administratifs. C’est lui qui donne toutes les directives. Il est le chef du ministère et de toute son administration. Aujourd’hui, si dans certains ministères, en plus du SCE, il y a toujours un PS, ce n’est pas ce dernier qui dirige. » Un ancien chef de la Fonction publique et secrétaire au cabinet confirme que « tout doit impérativement passer par le SCE. D’ailleurs, dans le budget, il est clairement indiqué qu’il est l'accounting officer. C’est lui qui gère le ministère. »

Ce haut fonctionnaire connaît les finances du ministère et travaille à atteindre les objectifs. « Il suit la politique énoncée par le gouvernement et le ministre avec qui il travaille en étroite collaboration. Plus un SCE est compétent, plus cela se reflète sur les performances du ministère. Il doit donc toujours être entouré d’une équipe très compétente », souligne Krish Ponnusamy. L’ancien secrétaire au cabinet précise que dans la Fonction publique, tout est régi et contrôlé selon les réglementations de la Public Service Commission.  
Krish Ponnusamy balaie d’un revers de main l’idée reçue que le SCE ne serait qu’un « rubber stamp ». « Si c’était le cas, on aurait pu mettre un robot à sa place. En toute circonstance, il doit faire preuve d’à-propos dans son jugement et d’un esprit créatif », dit-il. L’ancien chef du PMO partage cet avis. « On ne placerait pas des personnes de ce calibre à ce poste si ce n’était pas pour leur confier d’importantes responsabilités. »

Une des missions principales du SCE est de conseiller le ministre, poursuit-il. « Le ministre dispose de plusieurs conseillers mais le SCE est son ‘ultimate advisor’. Si le ministre n’est pas d’accord avec ce qu’il dit, le SCE peut mettre une note dans un dossier. Malgré cela, si le ministre persiste à ne pas suivre ses recommandations, il devra assumer ses responsabilités en cas d’irrégularité. » Selon notre interlocuteur, un ministre ne peut pas venir dire qu’il n’était pas au courant d’un important achat de médicaments en urgence. « Mais si le ministre dit la vérité, qu’il ne savait réellement rien à ce sujet, les choses se compliquent pour le SCE. »

Krish Ponnusamy explique qu’un SCE ne signe pas les yeux fermés tous les documents qui atterrissent sur sa table. « Il peut demander des éclaircissements. Il ne signera qu’après avoir obtenu tous les renseignements dont il a besoin. Il fait appel pour cela aux différents techniciens à sa disposition au sein du ministère. Car s’il y a un souci en aval avec le dossier, sa responsabilité sera engagée. » Pour sa part, l’ancien chef de la Fonction publique assure qu’un SCE n’approuve pas systématiquement tout ce que le ministre lui demande. Il se fie à son propre jugement et surtout aux règlements. « Il peut approuver une décision comme il peut légalement la rejeter. D’ailleurs, devant le Public Accounts Committee, c’est le SCE qui doit donner des explications et non le ministre. »

 

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