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En l’espace de 15 ans : Deobruth subit 14 opérations, mais reste toujours paralysé

C’est l’histoire d’un homme qui a perdu l’usage de ses jambes à 40 ans. Il a besoin de réunir Rs 2 millions pour ses traitements en Inde dans l’espoir de remarcher un jour.

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Comment un homme vit-il sa nouvelle vie dans un fauteuil roulant, incapable de marcher, de sortir, de travailler, de conduire sa voiture ? Que ressent-on quand on reste entre les quatre murs de sa maison, seul à longueur de journée ? C’est certainement très dur quand on a connu des jours meilleurs. La frustration doit être insupportable.

Deobruth Bheekoo (Anil pour les intimes) est tombé malade en 2001. Il a commencé à ressentir des douleurs aux jambes. D’abord, c’était la jambe gauche qui lui faisait souffrir. Il a eu recours au massage, mais n’a pas eu de soulagement. Il s’est alors rendu à l’hôpital Victoria. Après l’avoir examiné, les médecins ont conclu qu’une intervention chirurgicale était nécessaire. 

Dispositifs en métal

Initialement, l’opération concernait la jambe gauche. Et comme il a commencé à porter tout son poids sur l’autre jambe, celle-ci a commencé à lui faire mal. Le comble, c’est un os qui s’est disloqué à plusieurs reprises. On a dû lui insérer des dispositifs en métal. Au total, il a subi 14 interventions chirurgicales aux deux jambes.

Courtier maritime de métier avec 28 ans de service, il a abandonné son emploi en 2015, n’étant pas capable de travailler. Auparavant, il se rendait au travail à l’aide de béquilles, mais après un certain temps, la situation était devenue trop pénible pour lui de continuer.

« Je ne peux plus marcher. Je reste cloîtré chez moi pendant toute une journée, assis dans mon fauteuil roulant »

La prothèse à sa jambe gauche a occasionné une infection. Deobruth Bheekoo a dû passer trois mois et demi à l’hôpital après une nouvelle intervention chirurgicale. Les os de ses jambes étaient devenus fragiles comme le verre. Plus question de mettre une nouvelle prothèse. C’est alors que les médecins lui ont recommandé de se rendre dans la Grande péninsule pour des traitements.

Deobruth Bheekoo devra réunir Rs 2 millions pour se faire soigner à l’hôpital de Chennai. Son opération nécessitera un financement public de Rs 500 000. De cette somme, il devra payer deux passages aller-retour (pour lui et sa femme). « Il m’est impossible de réunir Rs 2 millions. Je sollicite la générosité des Mauriciens. Je lance un appel à l’aide. »

Le quinquagénaire est marié et père de deux enfants, un garçon et une fille. Le fils, âgé de 26 ans, travaille et la fille est en HSC. Sa femme est ouvrière d’usine. Originaire de Crève-Coeur, Deobruth Bheekoo habite Quatre-Bornes. Il a contracté un emprunt pour construire sa maison sur un lopin de terre appartenant à sa femme. Aujourd’hui, il a déjà remboursé sa dette, mais il lui reste encore Rs 70 000 à s’acquitter pour un lopin de terre qu’il a acheté. Et maintenant, il a besoin de trouver Rs 2 millions pour se faire soigner en Inde.

Deobruth Bheekoo, qui a 55 ans, affirme avoir été physiquement robuste avant que ses jambes ne lui fassent souffrir. « Je marchais, je conduisais, je faisais le tour de Port-Louis. Je menais une existence dynamique. Mon métier m’amenait à différents endroits, à rencontrer plein de gens. Mais mon existence a basculé tout d’un coup. Je ne peux plus marcher. Je reste cloîtré chez moi pendant toute la journée, assis dans mon fauteuil roulant. Je ne sors jamais, par mesure de sécurité. Je reste seul pendant la journée. Ma femme quitte la maison à 7 heures pour ne rentrer que vers 18 heures. »

Le matin, il y a une personne (carer) qui s’occupe du quinquagénaire. Il arrive à 8 heures et part vers 11 heures.

«Même Rs 50 sont les bienvenues»

28 ans de service ne s’oublient pas comme ça. Deobruth Bheekoo dit que son patron lui a accordé une aide financière à titre personnel. D’ailleurs, ses ex-collègues font une collecte pour l’aider dans sa démarche. Des petites boîtes cadenassées ont été placées dans son ancien lieu de travail à cet effet. « En ce moment, même Rs 50 sont les bienvenues pour moi. »

Ses frères ont recours aux réseaux sociaux pour collecter des dons. Il a aussi été contacté par des ONG après la parution d’un article sur lui. Des personnes ont commencé à verser de l’argent sur son compte bancaire à la SBM (Deobruth Bheekoo — 00110100034581). Son numéro de téléphone portable est le 57872450.

Deobruth Bheekoo nous confie qu’il est touché quand sa fille, qui aura bientôt 18 ans, lui a dit qu’elle a le cœur gros parce qu’elle ne l’a jamais vu marcher comme toute personne normale. Autant qu’elle se souvienne, elle l’a toujours vu se déplacer à l’aide de béquilles ou du fauteuil roulant.


Ils devront se déplacer une nouvelle fois à l’étranger

Deobruth Bheekoo a besoin de se rendre en Inde, parce que ses médecins lui ont fait comprendre que « no bones bank is available locally ». Ainsi est-il contraint de se rendre dans la Grande péninsule pour trouver les soins nécessaires. Mais ceux-ci sont au-dessus de ses moyens. Quand Anil Gayan était encore ministre de la Santé, il avait déclaré à la rédaction d’Xplik ou K que dorénavant les personnes nécessitant des traitements pas disponibles à Maurice n’auraient pas à se déplacer à l’étranger, puisque Maurice allait signer un protocole avec plusieurs pays, dont l’Inde, pour que des médecins spécialistes viennent chez nous pour traiter des cas compliqués ou spéciaux.

« Les malades ne ressentiront plus le stress d’être seuls dans un pays étranger, dans un environnement étranger. Ils seront à Maurice, entourés de leur famille », avait déclaré l’ex-ministre de la Santé. Malheureusement, même si leur nombre a diminué, certains malades sont toujours contraints de se rendre à l’étranger pour se faire soigner.

 

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