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Dette publique : revoir le point d’ancrage pour éviter le piège

20 % de la dette totale du gouvernement arrivera à échéance d'ici juin 2023.
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La dette publique en mars dernier a grimpé de Rs 8 milliards par rapport à décembre 2022 et de Rs 23 milliards comparée à septembre de l’année dernière. Le plafond maximal d’endettement public autorisé doit-il être revu ?

Le Selected Issues Paper on Mauritius publié par le Fonds Monétaire International (FMI) en 2022 comprenait un nouveau point d’ancrage de la dette à moyen terme revu pendant la pandémie, soit de 80 % du Produit Intérieur Brut (PIB), contre la cote d’alerte initial de 60 % du PIB. Cependant, les derniers chiffres publiés par le ministère des Finances indiquent un montant provisoire de la dette publique à hauteur de Rs 483 milliards en mars 2023, soit à 81,9 % du PIB. Ce taux pointe vers le bas depuis septembre 2022, où il était à 84,6 % et de l’ordre de 83,4 % en décembre dernier. Renganaden Padayachy affirme que celui-ci va réduire davantage pour atteindre 76,3 % du PIB en juin prochain. 

Si l’on parvient à atteindre ce taux, ce serait, selon Manisha Dookhony, le signe que l’économie est sur la voie de la reprise. Toutefois, cibler la cote d’alerte initialement fixée à 60 % du PIB revêtira d’une autre paire de manches. « Nous avons un gap d’environ 20 % qui est encore grand entre le taux de 81,9 % du PIB à mars 2023 et donc la cote d’alerte de 60 % », explique l’économiste. Il est temps, selon elle, d’introduire de nouveau le point d’ancrage de la dette à 60 % du PIB. « On peut comprendre sa suspension temporaire durant la Covid, car il fallait soutenir l’économie et la population. Il faut un retour à la case départ, car c’est un code de bonne pratique. Pour une économie comme Maurice, il faudrait être prudent dans le long terme s’agissant du niveau de la dette publique », poursuit Manisha Dookhony.   

Service de la dette

Fareed Jaunbocus, CEO de Strategos Ltd, qui a obtenu le Award du 'One of the most Respected CEO's in Africa' par le Business Executives of Africa and Economic Development Board of Mauritius.
Fareed Jaunbocus, CEO de Strategos Ltd, qui a obtenu le Award du 'One of the most Respected CEO's in Africa' par le Business Executives of Africa and Economic Development Board of Mauritius.

La dette publique est une préoccupation mondiale. Fareed Jaunbocus, CEO de Strategos Ltd, fait observer qu’en 2021, la dette publique au Japon était à 257 % du PIB, celle de la Grèce à 207 % du PIB ou encore à 159 % du PIB en Italie. La dette publique fait d’ailleurs débat actuellement entre la Maison Blanche et l'opposition républicaine avec l’objectif d’éviter une situation de défaut souverain. Même si des économies comme le Sri Lanka ont subi les conséquences de l’engrenage de la dette et qu’étant une économie diversifiée Maurice n’est pas à l’abri, Manisha Dookhony se veut rassurante. Elle fait part du fait qu’il y a plusieurs issues pour ne pas tomber dans ce piège, dont la demande de moratoire, un rééchelonnement de la dette ou encore éponger le montant de la dette qui est sous forme d’obligations. 

Le plus important, selon Fareed Jaunbocus, réside dans la capacité de remboursement de Maurice. Il précise que l’endettement en soi n’est pas mauvais, mais nécessaire pour le développement d’une économie. « La dette doit être vue en termes absolus. La synergie entre la dette, la croissance et la productivité est importante. Ces trois éléments font partie d’une même équation. Les projections portent vers une croissance positive cette année pour Maurice », soutient le CEO de Strategos Ltd. 

Par ailleurs, l’État nécessitera Rs 65 milliards pour régler 20 % de sa dette totale qui arrive à échéance d'ici juin 2023. 

 

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