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Compensation salariale 2016: pour Rs 150, le consensus recherché vire à l’affrontement verbal

Colère. Confrontation. Walk-out. Larmes. La tension est montée d’un cran à la réunion tripartite entre le gouvernement, les syndicats et le secteur privé sur la compensation salariale pour 2016. Le ministre des Finances a eu fort à faire pour calmer le syndicaliste Reeaz Chuttoo.Quatre minutes d’échanges et d’extrême tension, vendredi, lors de la seconde et dernière réunion tripartite au Sir Harilall Vaghjee Hall, Port-Louis. « Nous avons l’impression que c’est une farce. Nous n’aurions pas dû venir. Vous auriez pu nous envoyer un e-mail et nous dire que vous nous n’accordez que Rs 150 », lance un Reeaz Chuttoo  agressif à ‘lendroit du ministre des Finances, Vishnu Lutchmeenaraidoo. « Vous dites que vous n’êtes pas d’accord avec une économie à deux vitesses et vous faites tout le contraire. Certaines personnes vivent avec Rs 4 500 (par mois)… » Le Grand Argentier essaie de calmer le syndicaliste. Car, argumente Vishnu Lutchmeenaraidoo, il faudra équilibrer le débat en donnant la parole aux employeurs du secteur privé. Et ce serait alors une discussion. Il dit que sa porte est ouverte aux rencontres, tout en mettant l’accent sur le fait que la décision du Conseil des ministres a tenu compte des aspects économiques et sociaux prévalant dans le pays. Mais rien n’y fait. Le syndicaliste persiste. Reeaz Chuttoo est d’avis que ce gouvernement n’est plus celui du peuple. « Nous sommes bien déçus. Au moins, on aurait dû faire un effort pour ceux au bas de l’échelle. » Réplique du ministre des Finances : « Ou pe koz ek mwa kouma dir ou pli kontan dimounn ki mwa ». Et c’est l’escalade. Car le syndicaliste persiste dans son approche. Et Vishnu Lutchmeenaraidoo de lui lancer : « Faites un conférence de presse pour vous exprimer ! » Reaz Chuttoo reprend de plus belle, refusant le poli rappel à l’ordre du Grand Argentier. Et ce dernier d’ajouter : « Je cherche le consensus. (...) Mo pa pe rod lager ek ou. Ou fer kouma dir nou move e ou ou bon. Mo pa pe dir ki ou move moi…» « Comptez sur nous. Nous serons toujours avec vous. Au gouvernement, nous avons des contraintes. On ne peut pas emprunter un chemin pour aboutir à des pertes d’emplois. Le pays en souffrirait. C’est mon rôle de trouver un consensus ». Finalement, les trois syndicats faisant partie de la Trade Union Consultative Congress effectuent un walk-out non sans avoir rappelé que ce sont les syndicats qui jouent le rôle de l’opposition, pas celle dans l’Assemblée nationale. La syndicaliste Jane Ragoo quitte la salle en larmes. Entre-temps, le calme est revenu au Sir Harilall Vaghjee Hall. Les échanges se sont poursuivis…
   

Lutchmeenaraidoo: une hausse supérieure à l’inflation

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La décision du gouvernement d’accorder une augmentation sala-riale de Rs 150 à partir de janvier a été adoptée à l’unanimité lors du Conseil des ministres. Cette majoration est supé-rieure au taux d’inflation de 1,3 %. « Le Conseil des ministres a pris la décision d’approuver une compensation salariale ‘across the board’ de Rs 150. Cela aurait pu être moins ou plus. Nous avons bien réfléchi. Nous avons préféré accorder plus que l’inflation. La décision de Rs 150 ‘across the board’, c’est évidemment pour les salaires de Rs 11 000 et c’est supérieur au taux d’inflation », a affirmé le ministre des Finances Vishnu Lutchmeenaraidoo lors de la réunion tripartite. Ce montant concerne tous les employés du secteur privé et du service public, que soit les employés du gouvernement central, les corps parapublics et à Rodrigues. La hausse aura force de loi après l’adoption au Parlement de l’Additional Remuneration Bill, qui serait présenté le vendredi 11 décembre. Lors des discussions au Conseil des ministres, deux critères ont été pris en considération : ne pas mettre en péril la création d’emplois et apporter en même temps un soulagement nécessaire à la population.

Secteur privé: « Aucune justification pour la compensation »

« Avec une inflation de 1,3 %, la question de compensation ne se pose même pas normalement. Le contexte est ainsi », a affirmé Raj Makoond, Chief Executive Officer de Business Mauritius, organisme représentant le secteur privé. « Il y a des entreprises qui pourront payer. D’autres non. Et d’ailleurs, cela a été dit que nous devons tenir compte des petites et moyennes entreprises…» « La question, ce n’est pas Rs 150 ou non. La question, c’est que le développement se fait selon des principes. Un investisseur, quand il analysera la destination mauricienne, tiendra compte des principes. C’est une démocratie. Il y a un cadre légal. (...) L’investissement est dans un contexte de visibilité. Les paramètres des principes sont très importants pour garantir le développement pour qu’on ait une croissance très importante ».

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« Nous avons suivi, au niveau politique et gouvernemental, une grande cohérence dans notre approche. Depuis janvier, nous mettons l’accent systématiquement sur le fait qu’on ne peut avoir une République à deux vitesses », a affirmé le Grand Argentier.
   

Révolte et déception dans la classe syndicale

Un sentiment de révolte et de déception a gagné la classe syndicale à l’annonce de la compensation de Rs 150. Dans les grandes lignes, le sentiment des dirigeants syndicaux : Jane Ragoo (CTSP): « Comment vais-je expliquer aux femmes qui ne touchent que Rs 1 500 par mois qu’elles n’auront que Rs 150 comme compensation salariale ?. Les travailleurs ne vont pas oublier cet affront ». Reeaz Chuttoo (CTSP): « Dès le début de 2016, nous allons mener une campagne inlassable contre ce gouvernement. Il aurait pu faire un effort supplémentaire pour les plus démunis de la société ». Ivor Tan Yan (FPU): « Jeudi, j’ai trouvé cela bizarre qu’une seule personne du côté du patronat ait pris la parole. Aujourd’hui, j’ai compris que ce gouvernement soit disant Lepep s’est rangé carrément du côté du secteur privé ». Ashok Subron (GWF): « Comment peut-on parler de négociations tripartites ? Le ministre des Finances n’a pas daigné accepter une contre-proposition syndicale. On lui a demandé de reconsidérer cette décision. Il a refusé. Les travailleurs tireront leurs propres conclusions. » Rashid Imrith (FSSP): « En janvier, quand le taux d’inflation était de 3,2 %, on a eu une compensation de Rs 600 pour l’année 2015. Logiquement en 2015, avec une inflation de 1,3 %, on aurait dû avoir Rs 300 ». Narendranath Gopee (NTUC): « Il n’y a pas eu véritablement de négociations pour arriver à un chiffre consensuel. C’est une compensation inadéquate et dérisoire pour la population ». Haniff Peerun (MLC): « Ces Rs 150 représentent Rs 5 par jour. Ce n’est même pas suffisant pour s’acheter la moitié d’une paire de dholl puri ». Radhakrishna Sadien (SEF): « La philosophie qui a guidé le gouvernement pour octroyer Rs 600 en 2014 n’est plus la même en 2015. L’écart entre les gros et petits salaires, lui, ne cesse de grandir ».
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