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En 11 mois : près d’un milliard de roupies de drogue saisies

Drogue Le hors-bord Sweet Love Mama d’Almonzo, arraisonné à Sainte-Rose.

Plusieurs records ont été brisés cette année. Outre les Rs 600 millions d’heroïne saisies à l’île sœur, de la « crystal meth » a été retrouvée en possession de deux agents de police.

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La lutte contre la drogue a été haute en couleur en 2016. Si l’on tient compte des Rs 600 millions d’héroïne, en provenance de Madagascar, interceptée par la Direction régionale des douanes de La Réunion et les gendarmes de la section de recherches de Saint-Denis dans la nuit du jeudi 10 novembre au vendredi 11 novembre sur trois Mauriciens au port de Sainte-Marie, ce sont près d’un milliard de roupies de drogue qui ont été mis hors circuit à Maurice.

Du 1er janvier au 30 novembre, l’Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu) a mis la main sur un total de Rs 329 millions de stupéfiants. Grâce à la collaboration des services des douanes et de la poste, la police a pu coincer des passeurs et des colis trafiqués. Ce qui a permis la saisie de 17 kilos de brown sugar, dont la valeur marchande est de Rs 267,4 millions. Sans compter la saisie de gandia et la découverte de plusieurs plantations de cette drogue d’un montant de Rs 37 millions (17 kilos).

Le haschich a toujours un petit marché dans le pays : 1,1 kilo évalué à Rs 3,3 millions a été saisi. Même chose pour la cocaïne, dont 1,3 kilo estimé à Rs 19 millions s’est retrouvé dans les mailles du filet de l’Adsu. La drogue synthétique continue de proliférer : 884 grammes, dont la valeur marchande est estimée à Rs 1,3 million, ont été retrouvés sur des dealers.

Cette année, la famille Chowrimoothoo, installée à Cité Kennedy, Quatre-Bornes, a encore tenu le haut du pavé. Alors que deux frères, Curly et Steven, purgent une longue peine pour trafic de drogue, 5,6 kilos d’héroïne d’une pureté exceptionnelle et évalués à Rs 100 millions ont été saisis à leur domicile dans la nuit du 18 mai à l’issue d’une opération de surveillance. Une demi-douzaine de suspects – dont Samantha, la femme de Curly –, soupçonnés d’avoir introduit ce stock sur le territoire grâce à une vedette rapide, ont été arrêtés.

Une première à Maurice

La ligne de démarcation entre les barons de la drogue et les policiers a aussi été mise à rude épreuve cette année. Des enquêteurs de l’Adsu ont été transférés pour avoir assisté aux noces du fils d’un trafiquant présumé à la fille d’un spécialiste du blanchiment allégué. Sans compter le fait que plusieurs agents ont été pris avec de la drogue. Le 25 octobre, le constable Arvind Hurreechurn rentre de Madagascar avec deux kilos d’héroïne valant Rs 35 millions dans ses valises.

Le policier emportera ses secrets dans sa tombe : il a été découvert pendu dans sa cellule. Un mois plus tôt, le sergent Rouben Nair, un gorille de la VIPSU affecté à la sécurité de la résidence du Premier ministre, et Vijayen Moothoo, un agent de la police criminelle de Curepipe, ont été pris avec 36 grammes de Crystal Meth ; une première à Maurice. Ils sont tombés dans un piège de l’Adsu et pensaient revendre cette drogue, d’une valeur d’un demi-million de roupies et qui fait des ravages à l’étranger, à un collègue.

Des descentes dans des cités ouvrières à Goodlands, Riambel et Petite-Rivière ont été accueillies par des foules hostiles dans le courant de l’année. Il aura fallu l’intervention des commandos des gardes-côtes et du Groupe d’intervention de la police mauricienne pour mener à bien plusieurs opérations ayant permis la saisie de drogue synthétique. Le 3 novembre, Rs 5 millions, dont une partie en pièces coulées dans une table en béton, ont été découvertes chez John Grant Vivien à Cité Sainte-Claire, Goodlands.


Les différentes étapes de la commission d’enquête

Révélations, dénonciations, séances à huis clos et la colère de l’ancien chef juge Paul Lam Shang Leen… Pleins feux sur les moments forts qui ont marqué la commission d’enquête sur le trafic de drogue plus de 12 mois après sa création.

Il a tantôt haussé le ton, tantôt levé la séance brusquement en quittant la salle très en colère. Paul Lam Shang Leen avait même déjà décidé de tout arrêter. L’ancien chef juge s’est aussi interrogé à maintes reprises sur le fonctionnement des officiers luttant contre la drogue. Sa question à Navin Beekarry, directeur général de l’Independent Commission against Corruption (Icac), n’est pas passée inaperçue.

« Malgré les contrôles stricts des officiers de la brigade antidrogue et des douaniers, comment la drogue arrive-t-elle toujours à entrer au pays ? Sont-ils incompétents ou corrompus ? » Ou encore, celle posée à Iswarduth Raghoobursing, Officer-in-Charge par intérim à l’unité de sécurité de l’aviation civile. « La voie aérienne est toujours privilégiée par les trafiquants. Where is the problem? Are the sniffer dogs hopeless? »

Au cours de la 54e séance, l’ancien chef juge Paul Lam Shang Leen en avait surpris plus d’un. « J’écoute de nombreuses personnes, des membres d’organisations non gouvernementales depuis des semaines et des mois. Je demande des noms, des sources… mais toujours rien. Dans ce cas, à quoi bon continuer ? Je crois que je vais tout arrêter. »

« Enfermer les consommateurs en prison n’est pas la meilleure solution. » C’est ce qu’a déclaré Me Satyajit Boolell, Directeur des poursuites publiques dans sa déposition le 24 octobre. La police devrait peut-être avoir une base de données et enclencher des poursuites en cas de récidive, selon lui. Il suggère de se pencher sur la question de Deferred Prosecution Agreement.

«Pas alarmante»

Une première. L’ambiance était particulière à la 159e audience le mercredi 9 novembre. L’ex-chef juge Paul Lam Shang Leen a égratigné Lilette Paya, Registrar General par intérim. Visiblement agacé et irrité car il n’a pas obtenu les documents demandés, le président de la commission d’enquête sur la drogue a mis fin à l’audience en moins de cinq minutes et a brusquement quitté la salle.

Sa déposition était attendue. Le ministre de la Santé Anil Gayan a surpris tout le monde lorsqu’il a affirmé, en se fondant sur les données statistiques de son ministère, que « la situation n’est pas alarmante ». Il a soutenu que si le gandia était légalisé, « le pays sera nissa tout le temps ». Les assesseurs Sam Lauthan et Ravind Domun lui ont alors donné la réplique, lui demandant s’il fallait également bannir l’alcool. Anil Gayan devait répondre : « Un consommateur peut se dessaouler le lendemain matin alors qu’avec le gandia, once you get high, you want to get higher. »

Le travailleur social Ally Lazer avait déjà médiatisé son audition. Il avait annoncé qu’il dénoncerait des trafiquants. Et il l’a fait. « J’ai en ma possession une liste de noms : 136 au total, dont ceux connus comme des gros ou des petits trafiquants. Il y a d’anciens ministres, certains politiciens, des agents politiques, des policiers, dont certains affectés à l’Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu), des hommes d’affaires, des détenus et une douzaine de pharmaciens. »

Pour sa part, Ram Prakash Ramlugun, Senior Chief Executive par intérim du ministère de l’Éducation, a dévoilé que 46 cas de drogue dans les collèges ont été rapportés au ministère. 135 étudiants ont été arrêtés depuis 2013. C’est ce qu’a révélé le DCP Choolun Bhojoo, chef de l’Adsu.

 

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